Sainte Gertrude (1256-1302)

Gertrude priait pour un Frère défunt qui avait toujours été très dévoué à la congrégation ; le Seigneur lui dit :
« J’ai déjà, à cause des prières de la congrégation, récompensé son dévouement en trois choses : sa bienveillance naturelle lui donnait déjà une grande joie intime de pouvoir rendre service à quelqu’un ; or, toutes ces joies qu’il éprouvait, après chaque service nouveau, sont aujourd’hui réunies ensemble et il les ressent toutes à la fois dans son âme…

Gertrude priait pour un Frère défunt qui avait toujours été très dévoué à la congrégation ; le Seigneur lui dit :
« J’ai déjà, à cause des prières de la congrégation, récompensé son dévouement en trois choses : sa bienveillance naturelle lui donnait déjà une grande joie intime de pouvoir rendre service à quelqu’un ; or, toutes ces joies qu’il éprouvait, après chaque service nouveau, sont aujourd’hui réunies ensemble et il les ressent toutes à la fois dans son âme. Il possède encore la joie de tous les cœurs qu’il a réjouis de ses bienfaits : ceux des pauvres par une aumône, ceux des enfants par des présents, ceux des malades par un fruit ou quelque autre soulagement. Enfin il a de plus la joie de savoir que toutes ces actions m’étaient agréables et, s’il faut encore quelque chose pour que son soulagement soit parfait, cela ne lui manquera pas longtemps.

Cité par le R.P. Saudreau, Les divines Paroles, Paris, 1914.


Sainte Gertrude eut un jour une révélation. Elle vit en esprit l’âme d’une religieuse qui avait passé sa vie dans l’exercice des plus hautes vertus. Elle se tenait en présence de Notre-Seigneur, revêtue des ornements de la charité ; mais elle n’osait lever les yeux pour le regarder. Elle les tenait baissés, comme si elle eût été honteuse de se trouver en sa présence, et témoignait par ses gestes le désir qu’elle ressentait de s’éloigner de lui. Gertrude, étonnée d’une telle conduite, osa s’adresser à Jésus pour en savoir la cause : « Dieu de bonté, dit-elle, pourquoi ne recevez-vous pas cette âme dans le sein de votre infinie charité ? Que signifient ces étranges mouvements de défiance que je remarque en elle ? » Alors Notre-Seigneur étendit son bras droit vers l’âme de la religieuse pour l’attirer à lui ; mais elle, avec un sentiment de profonde humilité et de grande modestie, se retira de lui. La sainte, en proie à un étonnement toujours croissant, lui demanda pourquoi elle fuyait les caresses d’un époux si digne d’être aimé ; et la religieuse lui répondit : « Parce que je ne suis pas entièrement purifiée des taches que mes péchés ont laissés après eux; et même si mon Dieu me permettait d’entrer librement dans le ciel dans l’état où je suis, je ne l’accepterais pas ; car si brillante que je puisse paraître à vos yeux, je sais que je ne suis pas encore une épouse digne du Seigneur. »

Cité in R.P. Faber, Tout pour Jésus, chap. IX.


Sainte Gertrude priait pour Frère Hermann, convers, récemment décédé. Cette âme lui ayant été montrée : « Pour quelle faute, lui demanda-t-elle, souffrez-vous davantage ? – Pour ma volonté propre : même lorsque je faisais du bien, j’aimais mieux en faire à ma tête que de suivre l’avis des autres. J’en souffre maintenant une si grande peine que, si l’on réunissait toutes les peines qui accablent le coeur de tous les hommes, elles n’arriveraient à rien de pareil à ce que je souffre. » Comme Gertrude récitait pour lui l’Oraison dominicale, quand elle prononça ces paroles : « Pardonnez-nous nos péchés comme nous pardonnons », cette âme prit un air plein d’anxiété et lui dit : « Lorsque j’étais dans le monde, j’ai beaucoup péché pour n’avoir pas facilement pardonné à ceux qui avaient agi contre moi ; pendant longtemps, je gardais mon sérieux avec eux, et, pour expiation, je souffre, lorsque j’entends ces paroles, une honte intolérable et pleine d’anxiété. » Comment on offrait pour cette âme le saint Sacrifice, elle parut en être merveilleusement réjouie et glorifiée. Ce que voyant Gertrude, elle demanda au Seigneur : « Cette âme a-t-elle acquitté maintenant tout ce qu’elle devait souffrir ? » Le Seigneur répondit : « Elle en a plus acquitté que toi ou quelqu’un des hommes ne pourrait le penser, cependant elle n’est pas tellement purifiée qu’elle puisse être admise à jouir de ma présence. Mais sa consolation et son soulagement vont toujours croissant à mesure que l’on prie pour elle. Cependant vos prières ne peuvent la secourir aussi promptement qu’elles le feraient si elle n’avait commis dans le monde cette faute de se montrer dure et inexorable et de ne pas fléchir sa volonté au gré de la volonté des autres, ne voulant pas accorder ce qu’elle n’avait pas dans sa volonté. »

Cité par le R.P. Saudreau, Les divines Paroles, Paris, 1914.


Sainte Gertrude apprit du Seigneur que quand une âme meurt après avoir commis certaines fautes nombreuses et très graves, elle ne peut pas être aidée par les suffrages communs de l’Eglise : il faut qu’après un certain temps de purgatoire elle dépose ce fardeau de péché qui faisait obstacle à ces suffrages de l’Eglise, que les âmes souffrantes reçoivent, à chaque instant, comme une rosée salutaire ou un baume plein de suavité ou comme le plus rafraîchissant breuvage. La sainte avait obtenu du Seigneur qu’une âme qu’on lui recommandait et qui était dans cette condition fût délivrée de ce terrible obstacle. Elle lui demanda par quels travaux et quelles prières on peut obtenir cette grâce pour les âmes si malheureuses. Le Seigneur répondit : « Tu ne peux faire aucun travail ni aucune prière qui puisse apporter à une âme un si puissant secours, parce que cela ne peut s’obtenir tout à coup que par une affection d’amour semblable à celle que tu viens d’éprouver tout à l’heure. Or, c’est là une faveur qu’on ne peut avoir, à moins que je ne la donne. De même un tel secours ne peut être accordé à une âme après la mort, à moins que par une grâce spéciale elle ne l’ait mérité en cette vie. Mais sache qu’une telle peine peut être soulagée à la longue par les prières ou les travaux accomplis avec fidélité par les amis de cette âme. Ce temps est donc plus ou moins long, selon que ses amis y mettent pour elle plus de dévotion et plus d’amour, et aussi selon qu’elle l’a mérité durant sa vie. »

Cité par le R.P. Saudreau, Les divines Paroles, Paris, 1914.


Afin d’exciter le zèle de Gertrude en faveur des âmes du purgatoire, le Seigneur lui dit : « Suppose un roi qui retiendrait en prison quelques-uns de ses plus grands amis, qu’il remettrait volontiers en liberté si la justice ne l’en empêchait; poussé par le désir de leur délivrance, et, voyant que d’eux-mêmes ils ne peuvent y contribuer, ce roi accepterait avec joie que quelqu’un payât, en or ou en argent, ou d’une autre manière, ce qui serait nécessaire à l’acquittement de leur dette. De même, j’accepte tout ce qui m’est offert pour la délivrance des âmes que j’ai rachetées de mon sang précieux; j’ai alors une occasion de les délivrer de leurs peines et de les conduire aux joies qui leur sont préparées de toute éternité. » Gertrude : « Combien vous est agréable la peine que se donnent ceux qui s’acquittent du Psautier en usage dans notre congrégation ? » Il répondit : « Elle m’est aussi agréable que si, de leur argent, ils me rachetaient moi-même de la captivité : chaque fois qu’une âme est délivrée par leurs prières. Et très certainement je leur rendrai cela en temps opportun, dans la mesure que comporte la toute-puissance de ma libérale bonté. »

Cité par le R.P. Saudreau, Les divines Paroles, Paris, 1914.


Dans la nuit de Pâques, Gertrude demandait au Seigneur de délivrer du purgatoire les âmes de ceux qui l’avaient aimé ici-bas d’un amour très fidèle, et, pour l’obtenir, elle faisait cette offrande au Seigneur : « Je vous offre, en union de votre très innocente Passion, tout ce que mon coeur et mon corps ont souffert dans mes continuelles infirmités. » Alors le Seigneur lui fit voir la multitude d’âmes qui venaient d’être délivrées de leurs peines et lui dit : « Je les donne toutes en dot à ton amour et l’on verra éternellement dans le ciel qu’elles ont été délivrées par tes prières, et ce sera pour toi un éternel honneur en face de tous mes saints. »

Cité par le R.P. Saudreau, Les divines Paroles, Paris, 1914.